Diplômée des Beaux Arts en 2006, Estelle Brun a développé une pratique pluridisciplinaire atour du dessin, de la vidéo, de la gravure, de l’installations et de l’édition.
Depuis 2010, elle est membre de l’association Anima et s’est occupée de la programmation artistique du ZO, lieu artistique et culturel, de 2014 à 2018. Elle y a monté de plusieurs expositions et y a co-organisé de nombreux évènements.
Sa pratique interroge l’imaginaire de chacun par le biais de ses perceptions. Elle déploie un univers singulier où s’interpénètrent les images populaires, les contes et les mythes, et utilise une large iconographie issue aussi bien de manuels techniques, de magasines populaires que du monde onirique ou de l’histoire de l’art auquelle elle tente d’insuffler poésie et fantasie(1). Elle ne cherche pas à construire un monde, mais des mondes.
Dans un syncrétisme de formes, d’images et de médias, entre réalité et fiction, enfance et âge adulte, elle développe une œuvre protéiforme et hybride allant de la vidéo à l’installation, en passant par le dessin, et sonde le pouvoir de l’image et du langage sur la perception de la réalité.
Collagiste dont les médiums et les techniques aiment à s’associer, se rencontrer, se provoquer parfois, les images et objets qu’elle crée prennent vie dans ses vidéos et plongent le spectateur dans un univers onirique et surprenant où des mondes et espaces s’entrechoquent, où s’opère des déplacements de sens. Son mode de liaison des éléments, constitué de rapprochements inédits toujours susceptibles de s’inverser en leur contraire, vise à retourner notre perception du monde comme on le ferait d’un gant.
À travers ses dispositifs d’installation, elle interroge les potentialités fictionnelles d’un espace invitant le spectateur à se les approprier pour créer sa propre narration. Elle articule ses dessins, vidéos et installation pour formuler une réflexion sur les interprétations possibles du monde et de l’esprit humain à travers le langage plastique. La plupart de ses pièces questionnent l’individu dans un rapport mental lié à son statut de regardeur/spectateur. Elle opère des glissements depuis un contexte concret, physique et réel, vers des espaces psychologiques et cognitifs, au travers de relations intimes entre chaque œuvre et chaque spectateur.
Il s’agit pour elle de cibler les frontières et les contingences habituelles entre œuvre, contexte et regardeur afin de les repousser, de les étirer, de les forcer ou encore de simplement les révéler.
« …le réseau spatial et temporel des œuvres d’art est, entre le monde et l’homme, une médiation qui conserve la structure du monde magique. »(2)
1 : fantasie : terme issu de l’anglais fantasy : «imagination». Genre littéraire présentant un ou plusieurs éléments surnaturels qui révèlent souvent un mythe et qui sont souvent incarnés par l’irruption ou l’utilisation de la magie, parfois des esprits.
2 : Du mode d’existence des objets techniques. P184, Simondon